Amadou Ly – Directeur Général Akilee

L’énergie électrique est un des fondements du développement social et économique de tout pays ; en effet, son approvisionnement en qualité, en quantité et à un coût optimal contribue à la compétitivité de l’économie, facteur essentiel à la création de valeur, à l’amélioration du niveau de vie des populations et à la réduction de la pauvreté (l’énergie est un service social de base).

Jusqu’à un passé très récent, les opérateurs électriciens étaient les acteurs clefs du sous-secteur de l’électricité, dans une relation avec leurs clients historiquement unidirectionnelle et « passive » ; les uns produisant l’électricité, les autres l’achetant sans le plus souvent avoir d’autres alternatives. Cependant, depuis quelques années le métier des opérateurs électriciens ainsi que leur relation avec leurs clients sont en pleine mutation ; particulièrement du fait de la pénétration des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans toute la chaine de valeur de leurs activités. Ce, dans un contexte de développement de solutions énergétiques alternatives, avec notamment, non plus l’émergence, mais l’accélération de la pénétration des énergies renouvelables, sous diverses formes, aussi bien en termes de ressources que de schémas d’intégration, et des solutions d’efficacité énergétique. Le tout, avec des consommateurs devenus exigeants et désireux, d’une manière ou d’une autre, de contribuer à la préservation des ressources de la planète afin d’assurer un développement social et économique soutenable et de laisser un monde meilleur à nos générations futures.

En effet, c’est de la concordance de ces principaux facteurs : le développement des énergies renouvelables et l’explosion des NTIC (ou plus trivialement la démocratisation de l’internet) que nait, selon l’essayiste prospectiviste Jérémy RIFKIN, la troisième révolution industrielle ; que d’aucuns qualifient d’ailleurs de quatrième révolution industrielle, compte tenu de la vitesse à laquelle ont lieu les différentes évolutions technologiques et l’innovation. Je ne saurais affirmer, comme Rifkin, que nous faisons face à une troisième ou une quatrième révolution industrielle, tant cela implique de nombreux autres facteurs et secteurs économiques, mais je puis dire avec certitude que dans la dynamique d’évolution des énergies renouvelables et de la digitalisation des économies modernes, nous entamons une véritable disruption du modèle économique des opérateurs électriciens dans l’acception classique et conventionnelle de leur activité.

De fait, la transformation induite par le digital touche inéluctablement tous les segments de la chaine de valeur des opérateurs électriciens, de la production à la commercialisation, sans oublier les activités support à leur cœur de métier, ou du moins ce qui a été jusqu’ici leur cœur de métier. Cela offre de nombreuses opportunités, bien sûr tout en induisant des menaces potentielles si ces mutations ne sont pas correctement appréhendées, à tous les niveaux ; que ce soit, entre autres, pour des questions de productivité, de sécurité, de maîtrise des revenus, d’expérience client ou encore de respect des exigences réglementaires.

Si on considère l’opportunité offerte par le déploiement généralisé de compteurs intelligents aux fins de disposer d’infrastructures de comptage avancées, les opérateurs peuvent espérer :

      • réduire drastiquement les niveaux de pertes techniques et non techniques (faut-il rappeler que dans la plupart de nos pays les pertes se situent autour de 16 à 17% dans la distribution et représentent le plus souvent des centaines de millions d’euros dont nos économies ont besoin par ailleurs),
      • accroître leur performance commerciale à travers la fiabilisation de la facturation, la transformation de la relation avec leurs clients par l’information continue et l’interactivité accrue,
      • objectiver définitivement la mesure des niveaux de qualité de service, en particulier en ce qui concerne les exigences réglementaires surveillées par les régulateurs,
      • optimiser leurs investissements et améliorer la gestion de leurs actifs (centrales et ouvrages du réseau) par une meilleure connaissance et une meilleure gestion de la demande,
      • améliorer la précision de leurs statistiques d’exploitation (END, SAIFI, SAIDI…).

De même, si on considère la production décentralisée, et ici par production j’entends au sens premier toute forme de procédé permettant de générer l’énergie pour soi, pour ses voisins ou tout simplement pour le réseau, mais également, dans une acception plus large, toute forme de solution permettant de soulager le réseau par exemple par l’effacement de charge sans production alternative. Il y a là une véritable opportunité de développer de nouvelles solutions qui, couplées aux besoins d’économies d’énergie des consommateurs, peuvent faciliter la gestion de la pénétration des énergies renouvelables et des solutions de gestion des consommations, développer de nouvelles sources de revenus, aider à mieux exploiter les infrastructures de production centralisée, grâce à une meilleure maîtrise des facteurs de charge et à une optimisation des investissements.

C’est ainsi que par la convergence de vision et d’ambition pour le Sénégal entre des ingénieurs sénégalais et le top management de Senelec, sous la direction de M. Mouhamadou Makhtar CISSE, après avoir, dans le cadre d’un MOU signé en 2016, procédé à des tests de validation des solutions proposées, nous avons créé en 2017 AKILEE SA une société technologique de services énergétiques qui s’appuie sur les technologies digitales, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables pour faciliter l’émergence des opérateurs électriciens du futur et aider les consommateurs à maîtriser leurs dépenses énergétiques par l’information, le conseil interactif et la « smartproduction ».

AKILEE se veut être un acteur de premier plan de l’évolution des équilibres et du changement de paradigme qui s’opère dans la relation opérateurs électriciens/consommateurs, en passant de la relation passive et unidirectionnelle à une relation active et bijective, centrée sur la satisfaction du client.

AKILEE a ainsi développé la première plateforme de supervision du réseau de distribution de Senelec, qui permet de :

      • Superviser en temps réel le rendement du réseau de distribution et de localiser les zones de pertes.
      • Suivre en continue le niveau de charge des transformateurs et de mettre des outils d’aide à la décision innovants à la disposition des équipes du réseau.
      • Etablir de manière fiable et transparente les statistiques du réseau.
      • Suivre en temps réel la qualité de la distribution dans le réseau.

Ma conviction personnelle est que, grâce à la confiance et au patriotisme économique du top management de Senelec qui a parfaitement compris les enjeux du futur du sous-secteur de l’électricité, nous sommes en train de transformer une start-up en un futur champion régional. Et pour cela, nous avons tout ce qu’il faut dans nos pays pour porter et participer activement à la réalisation des nouvelles opportunités qui s’offrent à nous, d’une part de par la motivation et la qualité de notre jeunesse, notamment dans nos écoles d’ingénieurs et nos universités scientifiques, mais également de par le fait que les technologies dont il est question sont démocratiquement accessibles. C’est une opportunité unique de développer des partenariats intelligents avec nos amis du Nord, où nous nous concentrerons dans le développement des services tandis qu’ils nous offrent les produits technologiques requis pour le développement de ces services.

C’est ainsi qu’AKILEE a aujourd’hui construit des partenariats solides qui viennent renforcer ses capacités techniques, financières et organisationnelles pour porter ses ambitieux projets au Sénégal et dans la sous-région.

Je pense que nous africains avons l’obligation de ne pas rater le train de la révolution numérique. Seulement, cette fois il ne s’agit pas uniquement d’y monter, il s’agit de faire en sorte d’y prendre place et de participer activement à l’orientation de ce train, donc de le « co-conduire » avec nos partenaires techniques des pays du Nord et même du Sud.

Je reste intimement convaincu qu’avec la bénédiction de Dieu l’impossible n’existe pas, et que nous ne devons jamais sous-estimer nos capacités ; de là notre imagination constituera la limite absolue de nos réalisations.

Dr. Amadou LY

Directeur Général



‘’ En 2022, AKILEE sera le partenaire clef des opérateurs électriciens de la CEDEAO, pour les aider à mieux comprendre et servir leurs clients, dans une dynamique de digitalisation de leurs processus.,,